mercredi 23 juillet 2014

l'Echec est il un Problème ?

Peut-on considérer l’échec comme un problème non résolu ?
Plus précisément comme un problème devant lequel nous avons abdiqué, déclaré qu’il était insoluble, à tort ou à raison.
C’est cette abdication qui, dans la plupart des cas, transforme le problème en échec.

Un problème se compose de deux éléments indissociables : un objectif et un obstacle. Celui qui n’a pas d’objectif, n’a pas de problème. Et celui qui a un objectif et pas d’obstacle, n’a pas de problème non plus.
Un obstacle est rarement insurmontable. Il y a souvent plusieurs façons de le contourner.

Le problème se transforme en échec lorsque nous déclarons l’obstacle insurmontable. Ou lorsque petit à petit, nous laissons l’obstacle devenir insurmontable.
Or, à chaque seconde de notre vie, une infinité d’options s’offre à nous. Si l’obstacle nous parait insurmontable, c’est que nous ne l’avons pas vu venir, nous ne l’avons pas anticipé et que nous ne voyons plus d’autres options que la fuite ou le renoncement.

Et pourtant, comme sur une route, à l’approche d’un obstacle, il y a des panneaux indicateurs qui nous informent que nous approchons d’un danger. Ces panneaux, dans la vie de tous les jours, peuvent prendre beaucoup de formes différentes : informations dans les différents médias, notre relevé bancaire, les réactions concordantes d’un certain nombre de clients ou d’amis, etc.
Si nous restons aveugle à ces indications, si nous les interprétons mal ou si nous ne prenons pas les bonnes options, alors, inéluctablement, nous allons nous retrouver face à l’obstacle, et suffisamment près pour qu’il paraisse insurmontable.
Il semble que plus nous nous rapprochons de l’obstacle, plus le nombre d’options diminue. Jusqu’au moment où nous sommes « collés » dans l’obstacle.

Les principales étapes qui peuvent amener à ce qui est appelé « échec » sont donc :
1.       L’aveuglement aux signaux extérieurs
2.       La mauvaise interprétation de ces signaux
3.       L’incapacité à imaginer les différentes options, réactions possibles
4.       L’incapacité à choisir la bonne option
5.       L’incapacité à mettre concrètement en œuvre la bonne option

Si nous percevons les bons signaux, si nous les interprétons correctement, si nous imaginons les différentes options, savons choisir les bonnes et savons concrètement les mettre en œuvre, alors nous contournerons l’obstacle à temps, le problème sera résolu et nous ne parlerons pas d’échec.

Chade-Meng Tan, dans son remarquable ouvrage « Connectez-vous à vous-même », nous offre une vision intéressante de l’échec :
« Dans ma tête d’ingénieur, cela revient comprendre les deux modes qui régissent mon fonctionnement : le mode échec et le mode restauration. Si je parviens à connaître un système à fond, au point de pouvoir comprendre exactement ce qui le fait échouer, je saurai du même coup comment éviter sa défaillance et c'est justement pourquoi je pourrais me fier à mon système, malgré son imperfection que je n'ignore pas : parce que je saurai quels ajustements effectuer quelle que soit la situation.
Je pourrais rester confiant, même en cas de dysfonctionnement, si je sais comment le système peut se rétablir et quelles sont les conditions permettant une remise en marche assez rapide pour que la panne soit sans conséquences.
Si j'applique ce raisonnement à mon esprit, à mes émotions et à mes aptitudes, j'aurais davantage confiance en moi, en dépit de mes nombreux travers et de ma drôle de dégaine. »

Pourquoi, alors, parler d’échec ? Est-ce une bonne façon d’éviter d’apprendre à nous connaître, de nous remettre en cause sur les 5 points précédemment listés ? Est-ce une façon de prendre le pouvoir sur celui qui a connu « l’échec » ?
Ne serait-il pas plus productif pour tous de considérer l’ « échec  » comme une expérience, certes parfois douloureuse, qui peut nous aider à détecter, comprendre puis corriger la ou les faiblesses qui nous ont empêchés d’atteindre notre objectif, cette fois-là.

Dans la culture française, le mot échec est un mot chargé. Il évoque des efforts inutiles, un gâchis, le bout du chemin, presque la mort. Après l'échec il n'y a plus rien, c'est la fin de tout.
Cette vision est purement culturelle.
Partout où il est utilisé, le mot « échec » pourrait être remplacé par le mot « expérience ».
D'une expérience nous tirons toujours des leçons. Une expérience nous apprend de nouvelles choses et nous permet d'évoluer, d'avancer.
L'expérience n'est pas la fin, mais le début de quelque chose.
Imaginez la grande différence que peut entraîner dans la vie d'un entrepreneur, s’il choisit une ou l’autre des deux phrases suivantes :
 « J'ai déposé le bilan de mon entreprise, quel échec ! »
Ou
« J'ai déposé le bilan de mon entreprise, quelle expérience ! »

« La chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où on est tombé » Socrate