lundi 6 octobre 2014

Silence !

Le silence est l’espace où nous pouvons nous entendre, sans silence pas de communication, sans silence, pas de conscience.
Nous distinguerons deux types de silence, le silence extérieur et le silence intérieur.
Notre mode de vie a beaucoup pollué le silence extérieur. Radios, télévision, publicités, voitures, etc., envahissent l’espace et notre mental. Quelles sont les pensées qui nous appartiennent vraiment et celles qui nous sont inculquées ?
Les médias nous ont habitués à ces interviews, à ces discussions sans silence, où les intervenants répondent aux questions immédiatement, apparemment sans réfléchir. Ce ne sont plus des échanges entre individus mais des matches où chacun ne cherche pas à comprendre l’autre, à trouver une bonne solution, mais simplement à convaincre un absent sur le plateau : le téléspectateur ou l’auditeur.
Un véritable échange entre deux êtres humains est peuplé de silences. Silences où chacun cherche à comprendre ce que l’autre veut dire, où il cherche la part de vérité, où il observe comment cela peut modifier son propre point de vue. Sans silence une conversation n’est plus qu’une mascarade, où chacun reste en surface, où chacun reste replié sur lui-même, dans son monde. Mais il n’y a pas de profondeur, pas d’échanges, pas de relation.

Le silence intérieur nous permet d’atteindre vraiment la profondeur de notre être, au-delà des idées toutes faites, des discours convenus, du politiquement correct et des résultats du dernier match de football.
Ce silence est encore plus difficile à réaliser que le précédent. Pour beaucoup, il demande un travail sur soi, de la relaxation, de la méditation. Ce n’est pas un silence facile. C’est un silence riche. Quand le flot des pensées, des projections sur le futur, des regrets sur le passé, des jugements, des classifications s’arrête, apparait le vide. Et au-delà de ce vide, émergent des vagues de sérénité, de joie et d’amour. La beauté du monde se révèle, sa réalité aussi. 
Nous existons !

dimanche 31 août 2014

Enseignement pour les Entreprises d'une Retraite en Monastère

Déroulement et principes de la retraite
La retraite dure une semaine, elle regroupe une centaine de retraitants venus de tous les pays d’Europe, principalement d’origine chinoise. La langue est le chinois, traduit en anglais (avec une oreillette) pour une dizaine de personnes ne parlant pas le chinois. Les horaires sont : réveil à 6h, breakfast à 7h20, déjeuner à 12h10, bouillon du soir à 18H et extinction des feux à 22h.
La règle du silence entre les participants a été imposée pour toute la durée de la retraite.

Le programme a consisté,  pendant les 2 premiers jours, à enseigner les gestes fondamentaux à connaitre pour pouvoir participer à une cérémonie d’ordination. Le troisième jour, l’ensemble des participants est ordonné moine au cours d’une véritable cérémonie, avec remise des vêtements religieux, remise du bol rituel, et engagement à respecter les principes bouddhistes. Ceci permet de mener la vraie vie des moines dans un monastère pendant les 4 derniers jours. Le dernier jour a lieu une cérémonie pour délier les participants de leurs vœux et leur permettre de retourner à la vie « normale ».

A la suite de cette expérience, j’ai mieux compris le sens d’être « ordonné moine ». Le principe de base, pour se préparer, puis pour vivre la vie de moine est de mettre de l’ordre dans tous les petits gestes quotidiens. Chaque geste est clairement défini et doit être exécuté avec la plus grande précision et donc la plus grande attention, que ce soit pour faire son lit, pour ranger le dortoir, pour s’habiller (avec les trois couches de vêtements rituels), pour enlever et plier les vêtements, pour manger, pour s’asseoir, pour se déplacer, …
Cette exigence d’excellence et l’attention constante portée à chaque geste chasse les pensées et vide le mental, ce qui facilite les sessions de méditation. Cela apporte aussi une structure solide à ceux qui peuvent encore en avoir besoin.

2    Comportements des nones qui encadraient la retraite et des retraitants
Enseigner tous ces gestes, et veiller à ce qu’il n’y ait pas (trop) de transgression, à une centaine de participants, certes volontaires, mais pas toujours habitués à vivre ce genre de discipline, n’est pas une tâche aisée. Cette retraite était encadrée uniquement par des nones, chaque none avait la responsabilité d’un groupe de 10 retraitants.

 Les nones étaient d’une bienveillance implacable. Chaque erreur était immédiatement repérée et signalée à
l’intéressé (je ne pouvais pas m’empêcher de croiser mes pieds sous la table, ce qui m’était immédiatement signalé). Les nones n’étaient jamais agressives ou vexantes. Elles signalaient simplement, et avec gentillesse, qu’une règle commune n’était pas respectée. Et le retraitant corrigeait son comportement lui aussi avec gentillesse.
Il était évident que celui qui refusait, sans une bonne raison, de respecter les règles, s’excluait de lui-même du monastère.

 Il semble qu’il y a pu avoir des difficultés avec certaines personnes, mais cela s’est réglé par la discussion et par l’enseignement donné ensuite à l’ensemble des participant, sans jamais désigner les personnes concernées. Tous les participants ont été jusqu’au bout de la retraite.

Malgré la règle du silence, le comportement des retraitants était exemplaire. L’entraide, le respect de l’autre et de l’organisation étaient remarquables. Si  je rencontrais une difficulté pour  plier mes vêtements, par exemple, immédiatement un autre retraitant venait à mon secours, sans dire un mot.
Lorsqu’un retraitant apercevait un autre retraitant mal habillé ou un lit mal plié, il intervenait, sans un mot, pour corriger l’erreur avec douceur et respect de l’autre. Les conditions de vie n’étaient pas faciles, horaires strict, peu de confort, pas de temps libre, nourriture restreinte, beaucoup de contraintes, mais la vie était agréable grâce aux relations silencieuses, mais chaleureuses.

3     Enseignements pour les dirigeants et les managers
 Un monastère n’est pas une entreprise, des retraitants ne sont pas des salariés, mais il me semble qu’il y a quelques idées à méditer.
Les retraitants et les nones qui encadraient partageaient des croyances, des valeurs et des objectifs communs
          Les nones pour faire leur travail n’ont jamais menti, ni fait quoique ce soit qui puisse être nuisible aux retraitants. La confiance était forte.
         Le comportement des nones était ferme, cohérent,  mais toujours bienveillant. Elles considéraient les retraitants comme des êtres humains intelligent, ayant de bonnes intentions, de bonne volonté, mais parfois sujet à l’erreur. Elles corrigeaient simplement les erreurs, avec gentillesse et respect, autant de fois qu’il le fallait.
       Elles donnaient l’exemple et menaient la même vie que les retraitants, en se levant plus tôt, en se couchant plus tard et en ayant plus de contraintes
       Elles faisaient tout ce qu’elles pouvaient pour aider les retraitants à respecter le cadre et à bien faire ce qui était demandé, sans jamais juger ou critiquer

Dans ce contexte, les retraitants se sont comportés de façon remarquable. Ils essayaient d’effectuer au mieux les tâches demandées jusqu’à ce qu’ils les effectuent parfaitement (il m’a fallu sept jours pour arriver à plier correctement mon hitchin (robe monastique)).
J’ai été impressionné par :
1.       La recherche d’amélioration et de perfection chez la plupart des participants.
2.       L’entraide et la participation de chacun à la réalisation de l’objectif commun
3.       Le plaisir à travailler ensemble
4.       Le respect de l’autre
5.       Le respect des règles et du cadre

Développer le gout du travail bien fait, de l’entraide et du respect des règles communes pourrait aider certaines entreprises à mieux fonctionner.

mercredi 23 juillet 2014

l'Echec est il un Problème ?

Peut-on considérer l’échec comme un problème non résolu ?
Plus précisément comme un problème devant lequel nous avons abdiqué, déclaré qu’il était insoluble, à tort ou à raison.
C’est cette abdication qui, dans la plupart des cas, transforme le problème en échec.

Un problème se compose de deux éléments indissociables : un objectif et un obstacle. Celui qui n’a pas d’objectif, n’a pas de problème. Et celui qui a un objectif et pas d’obstacle, n’a pas de problème non plus.
Un obstacle est rarement insurmontable. Il y a souvent plusieurs façons de le contourner.

Le problème se transforme en échec lorsque nous déclarons l’obstacle insurmontable. Ou lorsque petit à petit, nous laissons l’obstacle devenir insurmontable.
Or, à chaque seconde de notre vie, une infinité d’options s’offre à nous. Si l’obstacle nous parait insurmontable, c’est que nous ne l’avons pas vu venir, nous ne l’avons pas anticipé et que nous ne voyons plus d’autres options que la fuite ou le renoncement.

Et pourtant, comme sur une route, à l’approche d’un obstacle, il y a des panneaux indicateurs qui nous informent que nous approchons d’un danger. Ces panneaux, dans la vie de tous les jours, peuvent prendre beaucoup de formes différentes : informations dans les différents médias, notre relevé bancaire, les réactions concordantes d’un certain nombre de clients ou d’amis, etc.
Si nous restons aveugle à ces indications, si nous les interprétons mal ou si nous ne prenons pas les bonnes options, alors, inéluctablement, nous allons nous retrouver face à l’obstacle, et suffisamment près pour qu’il paraisse insurmontable.
Il semble que plus nous nous rapprochons de l’obstacle, plus le nombre d’options diminue. Jusqu’au moment où nous sommes « collés » dans l’obstacle.

Les principales étapes qui peuvent amener à ce qui est appelé « échec » sont donc :
1.       L’aveuglement aux signaux extérieurs
2.       La mauvaise interprétation de ces signaux
3.       L’incapacité à imaginer les différentes options, réactions possibles
4.       L’incapacité à choisir la bonne option
5.       L’incapacité à mettre concrètement en œuvre la bonne option

Si nous percevons les bons signaux, si nous les interprétons correctement, si nous imaginons les différentes options, savons choisir les bonnes et savons concrètement les mettre en œuvre, alors nous contournerons l’obstacle à temps, le problème sera résolu et nous ne parlerons pas d’échec.

Chade-Meng Tan, dans son remarquable ouvrage « Connectez-vous à vous-même », nous offre une vision intéressante de l’échec :
« Dans ma tête d’ingénieur, cela revient comprendre les deux modes qui régissent mon fonctionnement : le mode échec et le mode restauration. Si je parviens à connaître un système à fond, au point de pouvoir comprendre exactement ce qui le fait échouer, je saurai du même coup comment éviter sa défaillance et c'est justement pourquoi je pourrais me fier à mon système, malgré son imperfection que je n'ignore pas : parce que je saurai quels ajustements effectuer quelle que soit la situation.
Je pourrais rester confiant, même en cas de dysfonctionnement, si je sais comment le système peut se rétablir et quelles sont les conditions permettant une remise en marche assez rapide pour que la panne soit sans conséquences.
Si j'applique ce raisonnement à mon esprit, à mes émotions et à mes aptitudes, j'aurais davantage confiance en moi, en dépit de mes nombreux travers et de ma drôle de dégaine. »

Pourquoi, alors, parler d’échec ? Est-ce une bonne façon d’éviter d’apprendre à nous connaître, de nous remettre en cause sur les 5 points précédemment listés ? Est-ce une façon de prendre le pouvoir sur celui qui a connu « l’échec » ?
Ne serait-il pas plus productif pour tous de considérer l’ « échec  » comme une expérience, certes parfois douloureuse, qui peut nous aider à détecter, comprendre puis corriger la ou les faiblesses qui nous ont empêchés d’atteindre notre objectif, cette fois-là.

Dans la culture française, le mot échec est un mot chargé. Il évoque des efforts inutiles, un gâchis, le bout du chemin, presque la mort. Après l'échec il n'y a plus rien, c'est la fin de tout.
Cette vision est purement culturelle.
Partout où il est utilisé, le mot « échec » pourrait être remplacé par le mot « expérience ».
D'une expérience nous tirons toujours des leçons. Une expérience nous apprend de nouvelles choses et nous permet d'évoluer, d'avancer.
L'expérience n'est pas la fin, mais le début de quelque chose.
Imaginez la grande différence que peut entraîner dans la vie d'un entrepreneur, s’il choisit une ou l’autre des deux phrases suivantes :
 « J'ai déposé le bilan de mon entreprise, quel échec ! »
Ou
« J'ai déposé le bilan de mon entreprise, quelle expérience ! »

« La chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où on est tombé » Socrate