La retraite dure une semaine, elle regroupe une centaine de
retraitants venus de tous les pays d’Europe, principalement d’origine chinoise.
La langue est le chinois, traduit en anglais (avec une oreillette) pour une
dizaine de personnes ne parlant pas le chinois. Les horaires sont : réveil
à 6h, breakfast à 7h20, déjeuner à 12h10, bouillon du soir à 18H et extinction
des feux à 22h.
La règle du silence entre les participants a été imposée
pour toute la durée de la retraite.
Le programme a consisté,
pendant les 2 premiers jours, à enseigner les gestes fondamentaux à
connaitre pour pouvoir participer à une cérémonie d’ordination. Le troisième
jour, l’ensemble des participants est ordonné moine au cours d’une véritable
cérémonie, avec remise des vêtements religieux, remise du bol rituel, et
engagement à respecter les principes bouddhistes. Ceci permet de mener la vraie
vie des moines dans un monastère pendant les 4 derniers jours. Le dernier jour
a lieu une cérémonie pour délier les participants de leurs vœux et leur
permettre de retourner à la vie « normale ».
A la suite de cette expérience, j’ai mieux compris le sens
d’être « ordonné moine ». Le principe de base, pour se préparer, puis
pour vivre la vie de moine est de mettre de l’ordre dans tous les petits gestes
quotidiens. Chaque geste est clairement défini et doit être exécuté avec la
plus grande précision et donc la plus grande attention, que ce soit pour faire
son lit, pour ranger le dortoir, pour s’habiller (avec les trois couches de
vêtements rituels), pour enlever et plier les vêtements, pour manger, pour
s’asseoir, pour se déplacer, …
Cette exigence d’excellence et l’attention constante portée
à chaque geste chasse les pensées et vide le mental, ce qui facilite les
sessions de méditation. Cela apporte aussi une structure solide à ceux qui
peuvent encore en avoir besoin.
2 Comportements des nones qui encadraient la
retraite et des retraitants
Enseigner tous ces gestes, et veiller à ce qu’il n’y ait pas
(trop) de transgression, à une centaine de participants, certes volontaires,
mais pas toujours habitués à vivre ce genre de discipline, n’est pas une tâche
aisée. Cette retraite était encadrée uniquement par des nones, chaque none
avait la responsabilité d’un groupe de 10 retraitants.
Les nones étaient
d’une bienveillance implacable. Chaque erreur était immédiatement repérée et
signalée à
l’intéressé (je ne pouvais pas m’empêcher de croiser mes pieds sous
la table, ce qui m’était immédiatement signalé). Les nones n’étaient jamais
agressives ou vexantes. Elles signalaient simplement, et avec gentillesse,
qu’une règle commune n’était pas respectée. Et le retraitant corrigeait son
comportement lui aussi avec gentillesse.
Il était évident que celui qui refusait, sans une bonne
raison, de respecter les règles, s’excluait de lui-même du monastère.
Il semble qu’il y a
pu avoir des difficultés avec certaines personnes, mais cela s’est réglé par la
discussion et par l’enseignement donné ensuite à l’ensemble des participant,
sans jamais désigner les personnes concernées. Tous les participants ont été
jusqu’au bout de la retraite.
Malgré la règle du silence, le comportement des retraitants
était exemplaire. L’entraide, le respect de l’autre et de l’organisation
étaient remarquables. Si je rencontrais
une difficulté pour plier mes vêtements,
par exemple, immédiatement un autre retraitant venait à mon secours, sans dire
un mot.
Lorsqu’un retraitant apercevait un autre retraitant mal
habillé ou un lit mal plié, il intervenait, sans un mot, pour corriger l’erreur
avec douceur et respect de l’autre. Les conditions de vie n’étaient pas
faciles, horaires strict, peu de confort, pas de temps libre, nourriture
restreinte, beaucoup de contraintes, mais la vie était agréable grâce aux
relations silencieuses, mais chaleureuses.
3 Enseignements pour les dirigeants et les
managers
Un monastère n’est pas une entreprise, des retraitants ne
sont pas des salariés, mais il me semble qu’il y a quelques idées à
méditer.
Les retraitants et les nones qui encadraient partageaient des croyances, des valeurs et des objectifs communs
Les retraitants et les nones qui encadraient partageaient des croyances, des valeurs et des objectifs communs
Les nones pour faire leur travail n’ont jamais menti,
ni fait quoique ce soit qui puisse être nuisible aux retraitants. La confiance
était forte.
Le comportement des nones était ferme, cohérent,
mais toujours bienveillant. Elles
considéraient les retraitants comme des êtres humains intelligent, ayant de
bonnes intentions, de bonne volonté, mais parfois sujet à l’erreur. Elles
corrigeaient simplement les erreurs, avec gentillesse et respect, autant de
fois qu’il le fallait.
Elles donnaient l’exemple et menaient la même
vie que les retraitants, en se levant plus tôt, en se couchant plus tard et en
ayant plus de contraintes
Elles faisaient tout ce qu’elles pouvaient pour
aider les retraitants à respecter le cadre et à bien faire ce qui était demandé,
sans jamais juger ou critiquer
Dans ce contexte, les retraitants se sont comportés de façon
remarquable. Ils essayaient d’effectuer au mieux les tâches demandées jusqu’à
ce qu’ils les effectuent parfaitement (il m’a fallu sept jours pour arriver à
plier correctement mon hitchin (robe monastique)).
J’ai été impressionné par :
1.
La recherche d’amélioration et de perfection
chez la plupart des participants.
2.
L’entraide et la participation de chacun à la
réalisation de l’objectif commun
3.
Le plaisir à travailler ensemble
4.
Le respect de l’autre
5.
Le respect des règles et du cadre
Développer le gout du travail bien fait, de l’entraide et du
respect des règles communes pourrait aider certaines entreprises à mieux fonctionner.
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