vendredi 1 décembre 2017

Managers, et si vous osiez la Bienveillance ?

« Pain and Gain ! » Le stress a longtemps été le marqueur des gagnants, de ceux qui travaillent beaucoup et qui réussissent. Il aident ceux qui le veulent à réussir, mais d’une façon individuelle et rarement dans la durée.

Le stress nous pousse à agir vite, à faire beaucoup, mais il est aussi la source de beaucoup de maux : erreurs dues à la précipitation, conflits générateurs de perte de temps et d’énergies, burnout, mal de dos, absentéisme, …..
Le stress nous pousse aussi à considérer l’autre, non plus comme un être humain, mais comme une machine à notre service. Cela se voit dans les entreprises où, sous l’effet du stress, apparaissent des conflits stériles et destructeurs. On le voit aussi dans les embouteillages. Il suffit d’un conducteur stressé qui klaxonne, talonne ou insulte les autres, pour en stresser un certain nombre autour de lui. Il ne voit plus des êtres humains autour de lui, mais des voitures qui le gênent, qui le ralentissent et l’empêchent de rouler aussi vite qu’il le souhaite.

Le stress est un toxique mortel pour l’intelligence collective. Il peut aider des individus à réussir, mais il détruit l’intelligence des équipes.
Travailler dans une ambiance stressante génère de l’agressivité, limite les capacités de réflexion, de créativité, d’écoute et d’attention à l’autre. 
Le stress est contagieux.

Quand l’ambiance est stressante, surtout si cela vient des dirigeants, nous perdons une part de notre humanité, nous ne supportons plus le moindre retard, ou la moindre erreur de nos collègues. Nous ne supportons plus nos collègues, sauf quand nous avons besoin d’eux. Nous perdons notre bienveillance. 
Le stress tue la bienveillance.


La bienveillance est à la mode. Mais au delà de la mode, la bienveillance est une attitude qui nous aide, les uns et les autres, à mieux travailler ensemble, à être plus créatif, plus productif, plus collaboratif. Etre bienveillant, ce n’est pas dire oui à tout, ni se laisser marcher dessus. C’est avoir du respect pour les autres, de l’empathie et avoir pour objectif le bien commun, la réussite de tous.

La bienveillance génère de la confiance, facilite les échanges vrais et profonds, aide à résoudre les difficultés, à dépasser les échecs éventuels et elle apporte le plaisir de travailler ensemble. 

Une équipe bienveillante, où chacun se respecte, s’écoute, cherche à comprendre les difficultés de l’autre, construit à partir des idées venues des autres, du groupe, fait ce qu’il a dit et dit ce qu’il va faire, est capable de réaliser des miracles. 
La bienveillance génère la bienveillance.

Aujourd’hui, beaucoup de grandes entreprises viennent chercher des idées, mais aussi essaient de s’inspirer du mode de fonctionnement des Stars-Up, lesquelles sont souvent constituées d’une bande de copains qui s’amusent à travailler. Et qui obtiennent des résultats extraordinaire. Dans une ambiance bienveillante, la peur disparait, le travail devient très souvent un plaisir, le temps et l’énergie ne se comptent plus. 
La bienveillance est contagieuse. C’est la base de l’intelligence collective.

Notre monde est de plus en plus complexe. Le fonctionnement harmonieux des équipes devient une nécessité pour se démarquer et réussir. 
La bienveillance devient un atout stratégique.

Or la bienveillance, cela s’apprend, cela s’enseigne. Il est plus facile d’apprendre à devenir bienveillant qu’autoritaire.
De plus, la bienveillance a un bénéfice caché : elle rend heureux ceux qui la pratique. Les chercheurs ont découvert que lorsque nous étions bienveillant, notre cerveau sécrétait de la dopamine. La dopamine est un neuro-transmetteur du plaisir et de l’activité. 
Elle nous protège de la maladie de Parkinson.


Le stress est très rapidement contagieux. La bienveillance aussi est contagieuse, mais cela prend plus de temps.
La bienveillance est un puissant antidote au stress et à ses conséquences. Elle améliore la créativité, l’intelligence collective et la productivité.



Lien vers le JdN : Georges Olivier Carre

jeudi 6 juillet 2017

De la Théocratie vers l'Holacratie

(Publié dans le Journal du Net :  l'Holacratie, nouvelle théocratie ? )

Dans l’antiquité, une façon habile d’assurer son pouvoir était de s’appuyer sur les dieux et le clergé qui allait avec. C’était des théocraties, et la structure du pouvoir était pyramidale, avec, souvent plusieurs niveaux de pyramides. C’était un système hiérarchique de droit divin.
Ce système s’est poursuivi en France jusqu’à la fin de la royauté, au 19ème siècle.
Avec l’avènement de la république, il s’est légèrement transformé pour devenir purement hiérarchique. Le droit divin a disparu, mais pas complètement, du moins dans les inconscients.
Nous pouvons encore le constater aujourd’hui, avec les réactions de certains hommes politiques qui paraissent étonnés d’être traités comme les « gens du peuple ».

Ce que nous vivons aujourd’hui est l’aboutissement ultime d’un système de valeurs hérité du 19ème siècle, lui-même inspiré de plusieurs millénaires de civilisation. Ce système a comme fondement l’opposition des uns avec les autres, le conflit d’intérêt et la violence. Son objectif était de créer un état fort pour assurer la sécurité du pays vis à vis de ses voisins et d’aider la classe dominante à s’enrichir pour assurer le développement économique nécessaire à cette sécurité. Etait ce la meilleure solution ?

La révolution numérique et celle des moeurs, favorisées par l’éducation pour tous, a profondément transformé notre société. Les religions ont perdu de leurs pouvoirs. Les citoyens sont éduqués et informés comme jamais dans l’histoire de l’humanité. En particulier, les plus jeunes, nés sous le signe de l’ordinateur, des téléphones portables et d’internet ont développé, pour beaucoup d’entre eux, une culture du partage et de la liberté. Le vieux système est obsolète.

Il est temps d’imaginer un système nouveau, de changer d’objectifs et de valeurs.
Brian Robertson
De remplacer un objectif comme, par exemple : « Faire du profit à tout prix » par « Assurer le développement économique et moral de chaque citoyen ». De dépasser l’égocentrisme pour aller vers plus de collectif. Il est clair que plus nos concitoyens sont heureux, plus nous avons de chance de l’être nous-mêmes : moins de vols, moins d’agressions et plus de sourires ! 
Il faut surtout revoir notre vieux système hiérarchique, incompatible avec les notions de liberté et de partage. Notre société hyper-éduquée, hyper-informée est organisée sur les mêmes fondamentaux que celle de l’antiquité et du moyen âge.

L’holacratie, créée, il y a quelques années par un américain, Brian Robertson, est une proposition intéressante pour faire évoluer le système. Mais la marche est haute.
L’holacratie propose de supprimer la hiérarchie, d’aplatir la pyramide du pouvoir. Chacun, à son niveau peut prendre des décisions qui peuvent engager l’organisation.
Le système, bien sûr, prévoit des garde-fous. Les décisions sont collégiales, l’intelligence collective est exploitée au maximum, la raison d’être de l’organisation est  connue de tous, chacun dispose de toutes les informations sur l’organisation.

Sur le papier le système est bien pensé, mais comment se défaire de presque 10 millénaires de culture hiérarchique profondément ancrée dans l’inconscient collectif ?
Ceux qui ont le pouvoir ont peur de le perdre, même s’il est anxiogène et épuisant.
Ceux qui ne l’ont pas ont souvent peur de l’exercer et de prendre des risques.


Le challenge, aujourd’hui, n’est pas tant de trouver de nouveaux modèles d’organisation que de faire évoluer en profondeur cette culture héritée du moyen âge. Ce sont nos croyances sur les autres et sur le monde qu’il faut changer et il faut commencer aujourd’hui.