(Publié dans le Journal du Net : l'Holacratie, nouvelle théocratie ? )
Dans l’antiquité, une façon habile d’assurer son pouvoir était de s’appuyer sur les dieux et le clergé qui allait avec. C’était des théocraties, et la structure du pouvoir était pyramidale, avec, souvent plusieurs niveaux de pyramides. C’était un système hiérarchique de droit divin.
Dans l’antiquité, une façon habile d’assurer son pouvoir était de s’appuyer sur les dieux et le clergé qui allait avec. C’était des théocraties, et la structure du pouvoir était pyramidale, avec, souvent plusieurs niveaux de pyramides. C’était un système hiérarchique de droit divin.
Ce système s’est poursuivi en France jusqu’à la fin de la royauté, au 19ème siècle.
Avec l’avènement de la république, il s’est légèrement transformé pour devenir purement hiérarchique. Le droit divin a disparu, mais pas complètement, du moins dans les inconscients.
Nous pouvons encore le constater aujourd’hui, avec les réactions de certains hommes politiques qui paraissent étonnés d’être traités comme les « gens du peuple ».
Ce que nous vivons aujourd’hui est l’aboutissement ultime d’un système de valeurs hérité du 19ème siècle, lui-même inspiré de plusieurs millénaires de civilisation. Ce système a comme fondement l’opposition des uns avec les autres, le conflit d’intérêt et la violence. Son objectif était de créer un état fort pour assurer la sécurité du pays vis à vis de ses voisins et d’aider la classe dominante à s’enrichir pour assurer le développement économique nécessaire à cette sécurité. Etait ce la meilleure solution ?
La révolution numérique et celle des moeurs, favorisées par l’éducation pour tous, a profondément transformé notre société. Les religions ont perdu de leurs pouvoirs. Les citoyens sont éduqués et informés comme jamais dans l’histoire de l’humanité. En particulier, les plus jeunes, nés sous le signe de l’ordinateur, des téléphones portables et d’internet ont développé, pour beaucoup d’entre eux, une culture du partage et de la liberté. Le vieux système est obsolète.
Il est temps d’imaginer un système nouveau, de changer d’objectifs et de valeurs.
Brian Robertson |
De remplacer un objectif comme, par exemple : « Faire du profit à tout prix » par « Assurer le développement économique et moral de chaque citoyen ». De dépasser l’égocentrisme pour aller vers plus de collectif. Il est clair que plus nos concitoyens sont heureux, plus nous avons de chance de l’être nous-mêmes : moins de vols, moins d’agressions et plus de sourires !
Il faut surtout revoir notre vieux système hiérarchique, incompatible avec les notions de liberté et de partage. Notre société hyper-éduquée, hyper-informée est organisée sur les mêmes fondamentaux que celle de l’antiquité et du moyen âge.
L’holacratie, créée, il y a quelques années par un américain, Brian Robertson, est une proposition intéressante pour faire évoluer le système. Mais la marche est haute.
L’holacratie propose de supprimer la hiérarchie, d’aplatir la pyramide du pouvoir. Chacun, à son niveau peut prendre des décisions qui peuvent engager l’organisation.
Le système, bien sûr, prévoit des garde-fous. Les décisions sont collégiales, l’intelligence collective est exploitée au maximum, la raison d’être de l’organisation est connue de tous, chacun dispose de toutes les informations sur l’organisation.
Sur le papier le système est bien pensé, mais comment se défaire de presque 10 millénaires de culture hiérarchique profondément ancrée dans l’inconscient collectif ?
Ceux qui ont le pouvoir ont peur de le perdre, même s’il est anxiogène et épuisant.
Ceux qui ne l’ont pas ont souvent peur de l’exercer et de prendre des risques.
Le challenge, aujourd’hui, n’est pas tant de trouver de nouveaux modèles d’organisation que de faire évoluer en profondeur cette culture héritée du moyen âge. Ce sont nos croyances sur les autres et sur le monde qu’il faut changer et il faut commencer aujourd’hui.
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